QUELQUES REPÈRES BIOGRAPHIQUES


Musicien, compositeur-interprète, auteur, acteur et producteur, vétéran de la scène « underground » montréalaise, Norman Nawrocki est acclamé internationalement aussi bien comme artiste de cabaret et violoniste que comme co-fondateur de nombreuses formations telles le rebel news orchestra, Rhythm Activism, DaZoque!, Bakunin's Bum, The Flaming Perogies, The Montréal/Manhattan Project, etc.

Poly instrumentiste autodidacte, il évolue professionnellement depuis 1985 dans le domaine de la musique et de la poésie, en donnant aussi bien des performances solo que des prestations avec ses groupes à travers l'Amérique du Nord et l`Europe. Il a à son actif 50 enregistrements musicaux et 5 livres de poésie et de fiction, incluant une traduction française d`un recueil de poèmes, Chasseur de tornades. À ce sujet, voir la DISCOGRAPHIE.

Avec Rhythm Activism, de 1990 à 1998, il a composé en français et produit plusieurs spectacles de théâtre musical dont « Un logement pour une chanson », « Deux femmes; une tchèque et « Le cirque en Ca$h ». Ces spectacles ont été autant d`occasions pour le public de participer à des « cabarets communautaires », évènements artistiques engagés politiquement tout en étant extrêmement humoristiques. Ces spectacles, réalisés avec la collaboration des groupes membres du Front d`action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), ont fait le tour du Québec. Il travaille présentement, de nouveau avec le FRAPRU ainsi qu`avec une de ses formations, DaZoque!, à un spectacle musical, « FRAPRU en Musique! », qui portera sur le droit au logement.

Il participe aussi à de nombreux festivals de musique et de poésie à travers le Canada et l`Europe. Au Québec, on a pu le voir se produire, entre autre, au Festival des Voix d`Amériques, au Festival de Jazz de Montréal, au Festival de musique actuelle de Victoriaville, etc.

Il a, par ailleurs, joué avec des groupes montréalais comme The Bagg Street Klezmer Band, Wetfish, Kropotkin Trio et il collabore avec des musiciens aussi variés que le batteur du groupe Godspeed, One Speed Bike et la harpiste de l'Orchestre Symphonique de Québec, Isabelle Fortier. Il joue aussi du violon solo dans des mariages juifs, polonais et ukrainiens à travers le pays.

NORMAN NAWROCKI
Depuis 2001, il ne cesse d'explorer, dans le cadre d`une démarche expérimentale et en soliste, une orientation musicale qui s`exprime avec des pièces de spoken word portant sur la vie, l'amour, le sexe et l'anarchie, des pièces aux rimes et aux rythmes aussi bien joyeux que provocateurs. Il s'accompagne avec de multiples instruments : ses violons, son alto, un violoncelle modifié et amplifié, un échantillonneur, une machine à percussion ainsi que des pédales assorties et divers « jouets » tels que sa « basse vibrateur ».

En plus de ce travail d`expérimentation musicale, il donne des tournées dans tout le Canada avec ses délirants «sex comedy cabarets» qui sont autant de monologues anti-sexistes: «Lessons from a 7ft Penis », «Sex Toys! », «My Dick & Other Manly Tales» et «I Don't Understand Women!». Ces performances ont reçu, de l`Atlantique au Pacifique, de favorables critiques. Son livre le plus récent, The Anarchist & The Devil Do Cabaret (publié aux éditions Black Rose Books, 2003), est un récit basé sur divers épisodes d`une tournée, en Europe, d'un groupe de musique. Le livre est présentement en cours de traduction en français.

Des critiques ont décrit son travail comme étant:
«subversivement puissant» ( The Globe and Mail ); «brillant» ( Maximumrocknroll); «étonnant» ( Hebdo Humanité, Paris); «intrépide» ( Morningside, Radio CBC ) et «hilarant» ( ELLE, Québec ). Sa façon de jouer a été qualifiée « d`obsédante» ( Radio CBC ) et «d`éblouissante» ( Magnet ). Selon le quotidien montréalais The Gazette, Norman Nawrocki est « l’un des esprits le plus revigorant que vous pourriez rencontrer » et « un facétieux musicien au don d`ubiquité ».

Norman Nawrocki : Une musique enracinée dans les luttes

Par Christian Brouillard

On peut dire que Norman Nawrocki est tombé très jeune dans la marmite de l'anarchisme car c'est à 13 ans qu'il s'est clairement identifié à ce courant politique. En parallèle, il commence à écrire de la poésie et à jouer du violon. C'est cependant avec son arrivée à Montréal, en 1981, qu'il décide de s'engager plus profondément dans les pratiques artistiques. Il donnera son premier spectacle solo en 1985 dans un de ces lieux qui ont joué un rôle non négligeable dans la diffusion de l'art engagé, le Café Commun-Commune dans le Plateau montréalais. La réception du public s'étant révélée bonne, il décide de poursuivre sa démarche. C'est alors qu'il rencontre le guitariste Sylvain Côté, rencontre qui débouchera sur la création de Rhythm Activism (RA).

Mis sur pied en 1985, R.A. était au départ un duo (Norman Nawrocki au violon et au chant, Sylvain Côté à la guitare) qui se produisait au gré des différentes luttes qui secouaient le Québec et Montréal à l'époque. Qu'on se rappelle les mobilisations impulsées par le Regroupement Autonome des Jeunes ou la bataille contre les expulsions dans le quartier Overdale à Montréal, R.A. était présent. La présentation pouvait sembler un peu fruste mais elle était efficace avec des textes incisifs et très engagés sur une musique «post-punk». Par la suite, le groupe diversifie son approche, incluant des éléments de théâtre (avec le spectacle Eddy, The Guy Over There, mars 1989)  et de comédie. Le duo travaille aussi plus étroitement avec des groupes communautaires dont le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) tandis que Nawrocki commence à donner des ateliers de « résistance créative » auprès des syndicats, groupes étudiants ou locataires. Avec la tournée Un logement pour une chanson (1990-1991), c'est la problématique de l'habitation qui va préoccuper R.A.le vampire des condos rôdant au loinÖ En 1991-1992, dans le cabaret Deux femmes, un tchèque (où le duo devient un trio avec l'arrivée de Eleine Stef), c'est la misère sociale sous ses différents aspects qui est décortiquée. Pour sa dernière tournée, Le Cirque en Ca$h : là où rien n'est caché! (1997), RA scrute de nouveau les questions de la libre echange, la pauvreté et les problèmes de logement tout en montrant les moyens pour arriver à une prise en charge collective afin de lutter contre la misère.

Rhythm Activism disparaîtra en 1998, laissant dans son sillage 15 enregistrements sonores (dont Blood and Mud , More Kick ainsi que Jesus was Gay ), 30 compilations, et 5 vidéos. Pour Norman Nawrocki, cependant, l'aventure ne se termine pas là car il commence à donner des spectacles solos à travers le Canada sur le thème du sexisme et de la lutte contre l'homophobie. Il publie aussi ses textes dont deux recueils de poésie Rebel Moon (AK Press, 1997) et Chasseur de tornades (EDAM/Les Pages Noires, 1998) ainsi qu'un récit The Anarchist and the Devil do Cabaret (Black Rose Books, 2003. Traduction française aux éditions Lux, 2006). Sur le plan musical, outre ses spectacles solos, il produit en 2001 avec le percussionniste Aidan (membre, entre autre, de la formation Godspeed you black emperor ) dans le cadre du projet Bakunin's Bum , un enregistrement, Fight to Win! , réalisé en collaboration et au bénéfice de l'organisme Ontario Coalition Against Poverty . Artiste aux multiples vies parallèles, Norman Nawrocki pilote d'autres projets dont DaZoque! (avec la violoniste Minda Bernstein) aboutissant, en 2002, à un premier enregistrement. Outre le travail de studio ou ses propres spectacles, DaZoque! a collaboré avec le FRAPRU afin de monter une tournée québécoise sur le thème du droit au logement. Le projet a permis la formation d'une chorale composée de militants oeuvrant dans le secteur de l'habitation, chorale qui, maintenant, a pris son propre envol. Infatigable, Nawrocki travaille aussi avec le Montréal Manhattan Project , un trio à saveur jazz. Pour terminer (!), il a mené la production, en 2004, de son premier disque solo, Duck Work .

Multidimensionnelles, les productions créatrices de Norman Nawrocki ne se sont pas faites en vase clos mais, au contraire, elles sont le fruit d'un processus où le travail collectif est central. Elles privilégient aussi la question sociale (pauvreté, droit au logement, sexisme, dénonciation de la droite et de l'impérialisme, exaltation des luttes populaires et des résistances face aux pouvoirs établis) et sont diffusées au travers d'un réseau parallèle, que ce soit par les groupes populaires ou la maison d'édition que Norman Nawrocki a mis sur pied, Les Pages Noires .

Musiques issues des luttes, celles-ci y retournent via un théâtre fait avec humour. Le mot est dit car ce qui démarque cette úuvre, c'est un ton humoristique qu'on retrouve que très rarement dans l'art engagé, comme si l'urgence et le côté souvent tragique des injustices qu'on désire dénoncer, semblaient imposer une langue de bois. Avec Norman Nawrocki, rien de tout cela, l'humour et l'ironie représentent, au contraire, de véritables armes contre l'arrogance et la stupidité de tous les pouvoirs. On peut prendre comme exemple un petit texte, publié en avril 2001 et dont le titre constitue tout un programme : «  First we took Quebec city, then Drummondville : The true story behind the anarchist invasion of Quebec city  ». À partir de ce titre contenant un clin d'úil (ou un salut?) à Léonard Cohen, Nawrocki développe une satire hilarante du ton catastrophiste adopté par les médias officiels au sujet des manifestations contre le Sommet des Amériques, prédisant attentats, émeutes ou violences anarchistesÖ On retrouve le même humour dans ses divers spectacles où, ici, l'on est très proche du carnaval et de Bertold Brecht et Kurt Weill qui, durant les années 30 (en pleine crise économique et sociale), produisaient des pièces de théâtre et des cabarets politisés pour les salariés et les chômeurs d'Allemagne. Comme quoi, l'art engagé réactualise une mémoire historique pour mieux scruter les possibles de demain.  ï

« Quiconque connaît Norman Nawrocki sait qu'il s'enflamme lorsque vient le temps de parler de causes sociales qui lui tiennent à cœur. »
- Le Devoir
« Une figure importante du circuit alternatif international »
- ICI
« Un homme de spectacle-né qui ne laisse jamais son auditoire passer une soirée ennuyeuse »
- The Globe & Mail
« Il est un artiste-anarchiste montréalais un peu tête folle. Rien n’arrête Nawrocki! Et qui le voudrait? »
- The Toronto Star